Arthur Symons (1865-1945)

l.
Poète symboliste Anglais, Arthur Symons (1865-1945) vénérait Paul Verlaine, lequel fit un compte rendu favorable de son recueil : Nuits de Londres. Symons s'adonna en esthète aux stupéfiants, vécut âgé et nullement dans le dénuement. ( M... la morale n'est pas sauve !)



Le Buveur d'Absinthe1

 

Je repousse doucement les mondes visibles
Loin d'eux, j'entends un rugissement lointain puis proche

Lointaine et étrange, une voix dans mon oreille

La mienne? Mes paroles

Sonnent étrangement, comme en un rêve éveillé;

Au travers du pâle crépuscule. Limpides,

Neufs comme le monde aux yeux des amoureux,

M'apparaissent les passants.

Le monde est très joyeux. Chaque heure

Est une fête. Elles s'écoulent négligentes.

Je suis en paix avec Dieu et l'homme. O sable

Fuyant du sablier que je ne compte pas, tombe

Sereinement; jusqu'à ce que je sente ta douce caresse,

Roc au milieu de cette rêveuse et monotone marée.



1  Dans Silhouettes, Léonard Smithers, London, 1892



 




In "Nouvelles  Confidences sur l'Absinthe" de Benoit Noël, édition  Cabédita,  2003.
  Avec l'aimable autorisation de l'auteur, que je remercie ici.

La Rebuveuse d’absinthe
La Buveuse d’absinthe dans l’œuvre de Félicien Rops


Éditions BVR
Lieu Doré
14140 Sainte-Marguerite des Loges
France
Tél : 02 31 31 15 78
editionsbvr@club-internet.fr

 

Livre broché
Format 15X21
112 pages
80 illustrations rares notamment issues de collections privées

20 Euros
Participation aux frais de port de 2 euros par exemplaire pour la France métropolitaine
Commande en nombre et hors-France métropolitaine : editionsbvr@club-internet.fr





 


 

Qui croise le regard halluciné de La Buveuse d’absinthe est sous hypnose. Ses prunelles délavées vous sondent : - Pourquoi m’a-t-on exclue du monde du travail comme de celui des loisirs ?

Ce premier volume de la collection Arrêt sur image résout l’énigme en révélant le peintre belge Félicien Rops écartelé entre blue fire et blue fish, et l’absinthe divisée entre ses sobriquets contradictoires de Notre Dame de l’Oubli et Madame Espérance. Ce faisant, il délivre ce Cher Fély de son carcan satanique et dévoile l’éternelle Fée des feintes ou défunte absinthe…

Le sommaire comprend un portrait de la personnalité de Rops, une étude sur l’Artemisia absinthium (plante à la base de l’apéritif absinthe) réputée complice des femmes et des artistes, des poèmes sur la Fée verte, des témoignages d’hommes de lettre sur Rops (Baudelaire, Goncourt, Abbé Mugnier, Bloy, Verlaine, Jarry, Louÿs, Crowley, Apollinaire, Tailhade, Léon Daudet, Colette), une bibliographie et des adresses utiles pour mieux connaître cet être d’exception à découvrir d’urgence…

Paris, printemps 1999. Félicien Rops est mort, il y a plus de cent ans. Son nom est pourtant encore un mot de passe pour initiés. " Viens voir mon Félicien Rops... " susurre Valentina Cervi à l'oreille de Fabrice Luchini dans le film Rien sur Robert de Pascal Bonitzer. En découvrant la charge érotique du chef-d’œuvre du maître Namurois trônant sur la cheminée familiale, Robert comprend qu'il doit se décontracter et que la jeune donzelle s'impatiente de ce qu'il mette enfin à exécution ses projets les plus fous…


 
 
 


 



Symons (quel homme !) a aussi écrit un poème sur le Haschich : suivre le lien ci-après   
http://homepages.nildram.co.uk/~simmers/symons1.htm



 


Maurice Rollinat

 



Au docteur Louis Jullien.

Elle était toujours enceinte,
Et puis elle avait un air...
Pauvre buveuse d'absinthe !

Elle vivait dans la crainte
De son ignoble partner :
Elle était toujours enceinte.

Par les nuits où le ciel suinte,
Elle couchait en plein air.
Pauvre buveuse d'absinthe !

Ceux que la débauche éreinte
La lorgnait d'un oeil amer :
Elle était toujours enceinte !

Dans Paris, ce labyrinthe
Immense comme la mer,
Pauvre buveuse d'absinthe,

Elle allait, prunelle éteinte,
Rampant aux murs comme un ver...
Elle était toujours enceinte !

Oh ! cette jupe déteinte
Qui se bombait chaque hiver !
Pauvre buveuse d'absinthe !

Sa voix n'était qu'une plainte,
Son estomac qu'un cancer :
Elle était toujours enceinte !

Quelle farouche complainte
Dira son hideux spencer !
Pauvre buveuse d'absinthe !

Je la revois, pauvre Aminte,
Comme si c'était hier :
Elle était toujours enceinte !

Elle effrayait maint et mainte
Rien qu'en tournant sa cuiller ;
Pauvre buveuse d'absinthe !


Quand elle avait une quinte
De toux, - oh ! qu'elle a souffert,
Elle était toujours enceinte ! -

Elle râlait : « Ça m'esquinte !
Je suis déjà dans l'enfer. »
Pauvre buveuse d'absinthe !

Or elle Pauvre buveuse d'absinthe !

Quand son amant dit sans feinte :
«D'débarras, c'en est un fier !
«Elle était toujours enceinte.»
Pauvre buveuse d'absinthe !but une pinte
De l'affreux liquide vert :
Elle était toujours enceinte !

Et l'agonie était peinte
Sur son oeil à peine ouvert



 

 

Lendemain

Avec les fleurs, avec les femmes,
Avec l'absinthe, avec le feu,
On peut se divertir un peu,
Jouer son rôle en quelque drames.

L'absinthe bue un soir d'hiver
Éclaire en vert l'âme enfumée,
Et les fleurs, sur la bien-aimée
Embaument devant le feu clair.

Puis les baisers perdent leurs charmes,
Ayant duré quelques saisons.
Les réciproques trahisons
Font qu'on se quitte un jour, sans larmes.

On brûle lettres et bouquets
Plus le feu se met à l'alcôve.
Et, si la triste vie est sauve,
Reste l'absinthe et ses hoquets.
Les portraits sont mangés des flammes:
Les doigts crispés sont tremblotants...
On meurt d'avoir dormi longtemps
Avec les fleurs, avec les femmes



Charles Cros
 




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