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SITTENGESCHCHTE DER KULTURWEELT UND  IHRER ENTWICKLUNG IN EINZELDARSTELLUNGEN.  Herausgegeben von Léo SCHIDROWITZ.  Verlag für kulturforschung. Wien/Leipzig, 1927.








HISTOIRE DES PERVERSIONS DES DIFFÉRENTES ÉPOQUES ET DES PASSIONS QU'ELLES ONT SUSCITÉES.
Verrlag für kulturforschung. Wien/Leipzig, 1927.
Avec environ 200 illustrations monochromes et polychromes et un supplément. Edition pour la recherche culturelle. Table des matières : introduction, folie et extases collectives (épidémies de maladies mentales) (flagellants,  danses furieuses, sorcellerie, messes noires), les stupéfiants (nicotine, alcool, opium, morphine, cocaïne), les vices sexuels dans leur variété, l'homosexualité ...

(C'est naturellement la partie "opium" que je vous soumets ici  !)



          Si nous ne pouvons pas désigner l’alcool, sous ses différentes formes, comme le plus inoffensif des stupéfiants, nous pouvons au moins l’appeler le plus populaire des pourvoyeurs d’oubli. Il est aussi, comparativement, le plus « honnête » des moyens de plaisir : chacun connaît son action, et elle peut à volonté être adaptée à chaque cas. Mais, l’alcool euphorisant bien connu, avec ses conséquences non moins connues ne suffit plus depuis longtemps à notre époque décadente. Peut-être est-ce parce qu’il inflige une exigence trop forte à un corps affaibli, dont la résistance est amoindrie. Pour cette raison, on se tourne vers des stupéfiants qui, sous un masque plus hypocrite, agissent beaucoup plus doucement et agréablement, mais en contrepartie, ruinent d’autant plus vite et totalement les tréfonds du corps et de l’âme. L’opium, la morphine et la cocaïne sont les plus connus de ces poisons narcotiques.
        Qu’est-ce que l’opium ? L’opium est le jus laiteux qui coule de la capsule du pavot, entaillée avant sa maturité ; on le fait sécher , et on le commercialise sous forme d’un gâteau brun-rougeâtre. Sous forme de pilules, il est mâché et mangé, principalement en Inde et dans les pays musulmans ; en Chine et en Europe, il est surtout fumé. Pour fumer l’opium, une préparation est nécessaire : un extrait est obtenu en faisant recuire l’opium brut  - on l’appelle Tschang-du - une  goutte de cet extrait, mélangé à du tabac, est chauffé à la flamme, et la fumée qui s’en dégage est inhalée à travers un tuyau. Les producteurs d’opium les plus importants sont l’Asie mineure, l’Est de l’Inde, la Chine, et en outre l’arrière pays des Indes Françaises, l’Égypte la Macédoine, la Perse.
         Dans un but thérapeutique, l’opium trouve son utilité, en poudre ou en teinture, pour traiter les maladies des intestins ou les convulsions, bien que l’on connaisse depuis longtemps ses effets secondaires désagréables. C’est pourquoi deux célèbres médecins grecs, Diagoras et Erisistrate, déconseillent déjà son usage. Mais l’utilité de ce remède, à ce que nous lisons chez Lewin (
21) était cependant si grande, qu’on continua à le fabriquer. Plus son usage se répandit dans le temps et dans l’espace, plus on apprit à le connaître et à le trouver indispensable. Mais, aujourd’hui encore, nous reconnaissons comme vrai cet ancien proverbe qui dit que l’opium est « un remède qui par devant vous lèche les doigts, par derrière vous griffe ». Ainsi bénédictions et imprécations s’attachent à ce remède diabolique, depuis qu’il aide l’humanité à supporter les misères et les peines de la vie terrestre.
          L’action de l’opium est très différente selon les modalités de consommation. Selon les indications de
  R.V Jahsch (22), le vice du fumeur d’opium le conduit rapidement à un état temporaire, semblable à l’ivresse.
         Il est d’abord joyeux, excité et communicatif. Après quelques heures, l’intoxiqué s’éveille de cet état d’ivresse avec
  une forte migraine, une faiblesse et une lassitude extrême, symptômes qui, assez fréquemment, provoquent ceci : avec une nouvelle prise, en fumant une nouvelle pipe d’opium, il renouvelle la même intoxication. Bientôt les signes de déclin deviennent visibles. Les troubles de la digestion, une sorte de lourdeur, l’insomnie, les troubles de la capacité de réflexion et la neurasthénie sont les conséquences inévitables. Avec un usage continu, on arrive enfin à un délabrement complet de tout l’organisme.
          D’après des recherches récentes, il semble que manger l’opium ne conduise pas à des symptômes si pénibles et soit mieux supporté que de le fumer. Enfin l’intoxication chronique avec de trop fortes doses de préparation d’opium, qui est généralement une intoxication médicale, amène seulement ces symptômes : une constipation persistante, suivie d’une fatigue continue, plus ou moins importante.

           Depuis que les hommes s’adonnent à l’usage de l’opium, il est impossible de l’utiliser en toute sécurité. Nous savons par Homère que les anciens Grecs connaissaient l’opium, boisson pourvoyeuse d’oubli, « Népenthes ». Il est préparé par Hélène et offert à Télémaque, à Sparte, comme calmant, quand le souvenir de son père Ulysse l’accable et la pousse à pleurer. Elle « jeta aussitôt dans le vin qu’ils buvaient un remède, pour chasser le chagrin, le tourment, et toute pensée douloureuse. Celui qui en faisait usage, mélangé dans la cruche, n’avait plus la face mouillée de larmes de tous le jour,  pas même si sa propre mère, son propre père, si son frère, ou même son fils aimé par dessus tout, étaient tués par l’airain meurtrier, et qu’il la voie de ses yeux. La fille de Zeus offrit ce remède magique, efficace, que lui avait donné en cadeau l’épouse de Thon, Polydamna, une Égyptienne... »

         A partir des textes littéraires compilés par Lewin dans son ouvrage « Phantastica », nous apprenons que le pavot, déjà à l’époque d’Homère, était cultivé en Grèce (au VIII° av JC, Hésiode appelle la ville de Suyone, ou Mekone, la ville du pavot), et que sa préparation n’était connue que de quelques initiés. Même en Égypte, ou Hélène l’a obtenu; il est vraisemblable que seules quelques dames haut placées connaissaient ses secrets, peut-être seulement des prêtres, qui l’employaient, dans leur temple, pour soigner. Les Romains aussi connaissaient l’opium, cela apparaît dans une citation de Virgile, dans les
Géorgiques, où il parle du « Pavot, bu pour un sommeil léthargique ». Et dans Silius, Sur la Guerre  Punique (X, 353), Junon fait appel, pour arrêter Hannibal loin de Rome et l’emplir de rêves qui amèneraient ce résultat, à « Somnus  qu’ elle emploie souvent pour fermer les yeux de son époux, même quand il ne  veut pas dormir. Sans tarder, il répond à son appel. Il a dans sa corne du jus de pavot préparé, et rapidement, dans l’obscurité de la nuit, il le verse en silence sur les tentes des Puniques, et répand la quiétude sur leurs yeux. »
           Depuis l’Égypte, la culture du pavot s’est également répandue en Asie Mineure, et de là en Inde et en Chine. En 973, le pavot y est mentionné dans les ouvrages médicaux, et très bientôt, on trouve dans un poème Chinois la figure d’un buveur d’opium ; celui-ci, comme le remarque Lewin, semble être prescrit, avec d’autres remèdes agréables, dans le traitement de la dysenterie.
         Au XIII° siècle, pendant un certain temps, manger l’opium devint une coutume, mais elle fut bientôt réprimée totalement par un décret impérial. L’opium se diffusa abondamment en Chine à partir du début du XVIII° siècle, époque où il fut introduit en grande quantité par le Portugal et la Compagnie des Indes de l’Est. La coutume de fumer l’opium, apparaissant alors semble avoir essentiellement contribué à rendre ce vice populaire. Malgré le renouvellement d’une sévère interdiction, cette épidémie de l’opium gagnait continuellement du terrain, au point que les importations d’Inde augmentaient sans cesse, et atteignirent 4 à 5 millions de kilos par an.

         La destruction de 20.000 caisses d’opium par la Chine et l’interdiction de commerce avec l’Angleterre en 1839 provoquèrent la célèbre guerre de l’opium, qui se termina de manière extrêmement sanglante pour la Chine. Le non-respect du traité par la Chine causa en 1857 la 2° guerre de l’opium, à laquelle même la France participa. Celle-là aussi se termina mal pour la Chine qui, entre autres, dut accepter les importations d’opium à venir.
En 1878 seulement, la chine réussit à limiter les importations et à leur imposer des droits de douane élevés. La Chine cultivait alors son propre opium en grande quantité, au point que la consommation atteignit 18 millions de kilos par an.
           Les Chinois propageaient le vice de l’opium partout où ils allaient, en particulier aux États-Unis, où, dans les années 90 du siècle dernier, le nombre des fumeurs d’opium était estimé à 40.000. La situation, extrêmement fâcheuse causée par la surproduction d’opium, donna lieu, en 1909, à une conférence internationale à Shanghaï, qui réunissait plusieurs puissances, pour essayer de combattre ce fléau. Les propositions   eurent pour conclusion, en 1912, ce que l’on appelle « la convention sur l’opium  de La


 




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