Article tiré de la revue des Troupes Coloniales  "Au Service de l'Union française", de  juillet 1947

 




L'OPIUM




   
 L'Opium, comme l'indique son nom d'origine grecque "opion" (suc de pavot) est constitué par le suc épaissi de certaines espèces de pavots.

    Les principes actifs du pavot résident sans le péricarpe ; on obtient l'opium à l'aide d'incisions pratiquées à la face externe de la capsule. Le suc ainsi collecté est recueilli au bout de six à dix heures ; il a alors la consistance du miel et une couleur variant du jaune au brun rougeâtre ; on le malaxe, puis on le réunit en masses que l'on entoure de feuilles de pavot. Cet opium brut n'est pas fumable, soit parce qu'il est trop riche en morphine, soit parce qu'il contient d'autres alcaloïdes tels que la thébaïne, la  papavérine, la narcotine, etc... Avant d'être livré au consommateur il subit une préparation longue et délicate qui a pour effet de développer son arôme, de chasser le principe vireux, d'éliminer les impuretés. L'opium ainsi modifié par le brassage, le cuitage, le crépage, la fermentation prend le nom de "chandoo".

    "Les gourmets savent reconnaître la provenance et le mode e fabrication d'un chandoo. Il y a des opiums de grande marque, comme il y a des vins de grand crus. Et de même qu'un palais délicat ne donne pas la première place au vin qui contient le plus d'alcool, de même un fumeur émérite ne donne pas la préférence à l'opium qui est le plus chargé en morphine. Ainsi la proportion de cet alcaloïde dans le Bénarès n'est que de 6 à 8% ; dans le Yunnan, elle est de 9,33% et cependant le premier est beaucoup plus prisé des connaisseurs et partant, payé plus cher que le second" (1)

    Le "dross" qui comprend tous les résidus, secs et cassants, pâteux et poisseux, que l'on retire du fourneau de la pipe, est riche en morphine, plus même que le chandoo et renferme en outre des produits fortement toxiques. Il est revendu soit à des industriels, soit à la régie qui en extrait la morphine, soit aux indigènes miséreux qui en retirent un mauvais opium dont ils se contentent et qui leur procure une ivresse répugnante et stupide.

    L'opium doit être classé dans la catégorie des substances "euphorisantes" avec la morphine, la codéïne, la coca, la cocaïne, etc... qui diminuent et éventuellement suspendent les fonctions d'émotivité et de perception au sens le plus vaste du mot et à tous les degrés, tantôt avec conservation, tantôt avec réduction ou suppression de la conscience et en mettant le sujet dans un état agréable de bien-être physique et psychique avec libération des états affectifs.

    Il doit être distingué des substances "enivrantes" telles que l'alcool, le chloroforme, l'éther, etc... ; "hallucinantes" telles que le peyolt, le chanvre indien, "hypnotiques" telles que le chloral, le véronal ou "excitantes" telles que la caféine, le tabac, le better, etc...

    L'opium est parfois chiqué, mangé, bu. Il est le plus souvent fumé. Le chandoo étant trop fluide pour pouvoir être introduit dans le fourneau et fumé tel quel, il faut auparavant le dessécher au dessus de la lampe et le façonner. D'une main experte, on plonge l'aiguille dans l'étui de chandoo. On la retire chargée à sa pointe d'une gouttelette noire et on la présente à la lampe en prenant soin de la rouler sans cesse entre les doigts et de ne pas trop l'approcher de la flamme.. Cette première gouttelette est vite grossie de quelques autres successivement puisées : l'opium se dessèche peu à peu et devient pâteux. Il grésille  et se boursoufle, prend une belle couleur ambrée, devient translucide et répand   une fine odeur douce et parfumée.

    Fumer est un art et c'est sous cette étiquette "l'art de fumer" que Matgioi décrit l'outillage du fumeur, la préparation de la pipe, la manière de fumer, l'heure de la fumerie et l'ensemble des rites auxquels est soumis le vrai fumeur.

    "Couché sur son lit de camp ou sur sa natte, le coude d'aplomb et la tête appuyée sur des coussins superposés ou sur une sorte de billot, le fumeur n'a plus qu'à saisir sa pipe et les lèvres collées à l'embouchure, à aspirer à pleins poumons la vapeur blanche,épaisse, aromatique dont la  chaude caresse procure à l'initié une sensation de béatitude physique et morale, tandis que ses lèvres entr'ouvertes laissent échapper lentement l'odorante fumée".

    L'opium est le vice des cérébraux, des rêveurs, de ceux qui sont avides d'un idéal de calme et de grand repos. Or, cet idéal est précisément celui des orientaux. Le blanc demandera à l'alcool un surcroît de force passagère, l'Hindou et le Chinois rechercheront dans l'opium l'annihilation de la personnalité, l'ataraxie, le nirvana surhumain, etc...

    Ainsi que beaucoup d'auteurs d'ailleurs l'ont remarqué, l'usage modéré de la fumée d'opium est inoffensif. L'opium constitue même un agent thérapeutique de valeur dans le traitement de certaines affections névralgiques. le fumeur qui ne dépasse point 10 à 12 pipes par jour ou atteint exceptionnellement le chiffre de 20 à 25 peut ne point éprouver de troubles graves encore que ces doses relativement minimes ne soient pas tolérées par tous les organismes.

    Malheureusement,l'une des conséquences décisives de l'usage de ce stupéfiant est la perte de la volonté vis-à-vis de l'attrait exercé par lui. Le fumeur d'opium, au bout d'un temps variable, éprouve le besoin d'aspirer à nouveau les vapeurs de la drogue. Pour supprimer les impérieuses exigences de l'état de besoin est souvent amené à augmenter les doses et le très grand fumeur arrive à fumer 100 à 150 pipes par jour. La plupart des auteurs sont alors unanimes à proclamer les effets nuisibles de l'opium tant pour l'individu que pour la race et la Société. Le petit fumeur ne dépassant pas 10 pipes par jour conserve encore l'allure d'un homme gras et bien portant l'opium modérateur de la nutrition, favorisant l'obésité., Mais le grand fumeur allant jusqu'à 150 pipes est cachectique, a la mine terreuse, les yeux creux et ternes. Il perd la mémoire, la volonté, tout sens moral. Les souffrances qu'entraîne l'état de besoin sont si pénibles qu'il se laisse souvent aller à "tirer sur le bambou" à toute heure de la journée et devient incapable de tout effort inutile.

    "Abrutissement et sénilité précoce pour l'individu, misère et parfois déshonneur pour la famille, diminution de la natalité et abâtardissement pour la race" telles seraient d'après Jeanselme les conséquences de l'usage de l'opium, péril social qui ne le cède guère à celui de l'alcool. Les ravages causés par l'opium seraient paraît-il très graves en Extrême-Orient.

    Il apparaît toutefois que les Annamites et les Chinois   héréditairement accoutumés à cette drogue sont assez réfractaires au poison et il ne semble pas que l'opium constitue un tel fléau en Indochine ou l'opiomanie est, en général, le vice d'une minorité aisée et où l'entrée des fumeries est défendue aux femmes, aux mineurs et aux européens.

 

HISTORIQUE



    Les efforts faits de longue date par le gouvernement Chinois, et notamment par les Empereurs de Chine pour lutter contre le trafic de l'opium prouvent combien sa consommation était considérée comme dangereuse par une administration qui en retirait cependant d'important revenus fiscaux.

    En 1727, l'Empereur Young-Cheng ordonna la fermeture des fumeries déjà très répandues en Chine. Cette mesure n'eut pas les effets désirés car les étrangers, les Portugais d'abord, puis les Anglais, maîtres du commerce de l'opium, n'étaient pas disposés à renoncer à cette source de bénéfices. En 1773, les Anglais constituèrent un monopole anglo-hindou au bénéfice de la compagnie des Indes-Orientales. A partir de ce moment l'importation de l'opium en Chine atteignit  des chiffres considérables.

    Rappelons que la guerre de l'opium a été imposée au milieu du XIX° siècle par l'Angleterre à la Chine afin de contraindre ce pays à ouvrir à nouveau aux Anglais  les ports qu'elle avait fermés au commerce de l'opium. L'édit du 18 mars 1839 ordonnant la remise pour être détruit de tout l'opium étranger étant resté lettre morte, le Gouvernement Chinois arrêta le 24 mai le Surintendant Elliot, s'empara par la force de tout l'opium trouvé à bord des navires Anglais et jeta à la mer les 20.291 caisses saisies représentant une valeur de 62.500.000 francs. Mais les Chinois vaincus furent obligés par le traité de Nankin, en 1842, d'ouvrir à nouveau leur pays à l'opium Anglais avec seulement la faculté d'imposer un droit d'entrée.

    La lutte contre l'opium débuta à la suite d'une protestation conjointe des États-Unis et de la Chine, puis la convention de 1907 par laquelle le gouvernement Anglais s'engageait à ne pas introduire d'opium dans les provinces qui avaient déjà cessé d'en produire et de réduire de 10 0/0 jusqu'en 1917 la quantité importée en 1907, année où la consommation à atteint son maximum.

    Puis, en 1909, les États-Unis provoquèrent la convocation d'une conférence à Shanghaï à laquelle participèrent les représentants de la Chine, de l'Autriche-Hongrie, de la France, de l'Allemagne, du Japon, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Perse, du Portugal, de la Russie, du Siam, et des États-Unis d'Amérique. Les états contractants s'engagèrent à interdire, par une législation appropriée, l'utilisation de l'opium dans les fumeries aussi bien dans les métropoles que dans les colonies et à défendre l'exportation de l'opium dans les pays où l'importation de cette drogue est déjà interdite par la législation intérieure. Les résolutions prises à Shanghaï restèrent malheureusement lettre morte et une nouvelle conférence fut convoquée, toujours sur l'initiative des États-Unis à La Hayes. Douze États prirent part à cette conférence.

    La Convention de 1925. - Cette convention signée sous les auspices de la S.D.N., vise surtout à améliorer les mesures déjà prises relativement au contrôle du commerce des stupéfiants et fixe des règles concrètes pour le commerce international en adoptant un système de permis d'importation et d'exportation délivrés par les États adhérents. Elle ajoute un certain nombre de stupéfiants aux drogues déjà envisagées et oblige les États à prendre des sanctions contre les infractions aux règlements pris en vertu des articles de la Convention.

    La Convention de 1931. - Cette convention, stipulée à Genève le 13 juillet 1931, accepte enfin le principe de la limitation de la fabrication des stupéfiants à utiliser dans  le monde pour les besoins de la thérapeutique et de la science. Un organe de contrôle était chargé d'examiner les besoins de chaque pays. En 1936, une conférence tenue également à Genève spécifie encore les règles auxquelles devrait être soumis le commerce de l'opium et les sanctions à prendre contre les délinquants.

    La guerre, en empêchant la commission consultative de l'opium de se réunir à partir de 1940, a interrompu ces efforts.

    Toutefois, dès la fin de l'année 1944, le Gouvernement des États-Unis a pris l'initiative de poursuivre ce travail préparatoire et a pris contact avec les gouvernements de l'Afganistan, de la Chine, de l'Iran, du Mexique, du Royaume-Uni (pour l'Inde et la Birmanie), de la Turquie, de l'U.R.S.S. et de la Yougoslavie en vue de tenir, dès que les circonstances le permettraient, une conférence chargée de rédiger une convention interdisant la culture du pavot à opium pour des fins autres  que les besoins médicaux et scientifiques. A l'heure actuelle, le Conseil Économique et Social des Nations Unies (Commission des Stupéfiants), réunit les éléments d'information en vue de la réunion d'une Conférence internationale chargée d'examiner la possibilité de limiter et de contrôler la culture du pavot à opium et la production de l'opium brut.



 

REGIME DE L'OPIUM


    L'achat, la fabrication et la vente de l'opium sont confiés en Indo-Chine à l'Administration des Douanes et Régies

    Le monopole d'achat et de fabrication est exploité en régie directe. Le monopole de vente est exercé soit en régie directe par l'Administration, soit par des tiers autorisés, fermiers ou régisseurs intéressés.

    La culture du pavot en vue de son exploitation en opium ne peut avoir lieu qu'en vertu de l'autorisation préalable de l'Administration des Douanes, celle-ci effectue ses achats d'opium brut partout où elle le juge convenable. L'importation, même à des fins de réexportation, l'exportation, le transit, l'entrepôt et le transbordement de l'opium sont rigoureusement prohibés, sauf pour les besoins de l'exercice du Monopole. Sont exceptés de la prohibition d'importation les opiums destinés aux usages de la pharmacie européenne. Le pharmacien importateur doit faire une déclaration à la Douane, avant le débarquement. Un permis de circulation accompagne la marchandise jusqu'à l'arrivée dans les magasins.

    Tous les opiums préparés par l'Administration des Douanes et Régies sont livrés en récipients fermés, revêtus des marques de la régie et vendus aux prix fixés par un arrêté du Gouverneur Général.

    Certains opiums préparés dits de zone sont mis en vente dans les provinces frontières. Ils sont logés dans des boîtes spéciales et ne peuvent être vendus  que dans les limites de la circonscription à laquelle ils sont destinés.

    Toute personne voulant se livrer à la vente au détail de l'opium doit être agréée par l'Administration et se munir d'une licence annuelle. Le marchand est pourvu  d'un livret sur lequel  il porte les quantités livrées, et qui lui sert de permis de circulation.

    Le produit net de la régie de l'opium a été en 1938, de 12.387.647 dollars contre 8.799.320 dollars en 1937, soit un accroissement de 3 millions 588.327 dollars sur les recettes de 1937, dû au relèvement du prix de vente, à la présence de nombreux réfugiés Chinois et au recul de la contrebande.

 


 

QUANTITES D'OPIUM VENDUES

(en 1938)

 

Ventes classées d'après la qualité

 

Opium de la Haute-Région ............................................................  1.088 Kgs

    "      de la 1° zone ...................................................................     2.857    "

  "      de la 2° zone ...................................................................  17.305   "

   "      de la 3° zone ...................................................................      883   "

   "       local ............................................................................          46   "

   "       Dragon ........................................................................    30.830   "

   "       Indien .........................................................................      3.400   "

   "       Luxe ..........................................................................          90   "

 

 

 

Ventes classées par pays
 

Annam ...............................................................................  4  tonnes  100

 Cambodge ..........................................................................  10     "       884

  Cochinchine ........................................................................  21     "       597

Laos .................................................................................     1     "      287

Tonkin ...............................................................................  19      "      637

    

Quantité de boîtes vendues
 

Boîte de     5  gr ...................................................................  2.219.142

Boîte de    10 gr .................................................................... 1.113.446

Boîte de    20 gr ....................................................................     460.230

Boîte de    40 gr ....................................................................     295.696

Boîte de  100 gr ....................................................................     182.400

 

 

 

    Le budget général de l'Indochine ayant atteint en 1938 : 89.206.800 dollars, les ressources provenant de la Régie de l'opium ont représenté environ 15 0/0 du total des recettes budgétaires.

 

    Ce pourcentage paraît un peu exceptionnel. Les années précédentes le produit de la Régie de l'opium a oscillé entre 8.500.000 dollars et 10 millions de dollars. En 1941, les recettes nettes de la Régie de l'opium ont été de : 9.517.000 dollars seulement par suite de la hausse considérable des prix de la matière première, soit moins de 10 0/0 du montant  total des ressources du budget général.



 

LUTTE CONTRE L'OPIUM EN INDOCHINE



L'Indochine fut un des premiers pays producteurs et consommateurs d'opium à seconder les efforts poursuivis en Chine. Voici, d'après le Dr Gaide, la série des mesures prises en vue de la suppression progressive de l'opiomanie.

    Dès 1907, devançant les prescriptions de la Convention de la Hayes, un arrêté interministériel du 10 juin, interdit l'ouverture de fumeries sur tout le territoire de l'Annam et du Tonkin, ainsi que l'exploitation de fumeries nouvelles en Cochinchine et au Cambodge. Un autre arrêté du Gouvernement Général (22 août 1907), institue une commission qui préconisa les mesures suivantes :

    Majoration du prix de vente de l'opium manufacturé (mesure qui s'avera la plus efficace car elle aboutit à évincer les fumeurs aux  ressources financières limitées) ;

    Interdiction de la vente du dross ;

    Règlement limitant la vente de l'opium dans les débits ;

    Fermeture graduelle des fumeries publiques en commençant par les centres les moins importants.

    En outre, elle proposa deux séries de moyens préventifs :

    Répandre parmi les populations et enseigner les effets pernicieux de la drogue (affiches, conférences, etc...).

    Voeu émis que les fumeurs ne puissent dorénavant accéder aux fonctions publiques ni aux grades du mandarinat ;

    D'autre part, interdiction est faite à tous fonctionnaires et agents européens de fumer de l'opium sous peine de  sanctions disciplinaires les plus sévères.

    Une autre mesure consiste en la création (fin 1927) d'une brigade mobile, chargée tout spécialement de la répression du trafic clandestin ; mieux, un décret du 12 septembre 1929 donna aux agents des Douanes Régies le droit de perquisition.

    Enfin, le Gouvernement Général avait refusé, par respect des traités internationaux, de laisser transiter à travers le Tonkin l'opium du Yunnan destiné à Canton, se privant ainsi de recettes valables et d'une action politique utile.

    A la suite de toutes ces mesures, la consommation de l'opium en Indochine avait baissé progressivement et dans des proportions remarquables.

    Il ne faut cependant pas cacher que l'interdiction de la culture du pavot a créé chez certaines populations montagnardes qui vivaient du trafic clandestin de l'opium, un malaise économique nuisible à notre action politique dans ces régions. Pendant la guerre, en plusieurs points de la frontière sino-tonkinoise, on dut fermer les yeux sur un commerce lucratif. Il y eut donc recrudescence dans la culture et le trafic de l'opium mais localement (2) sans  que la répression notée sur l'ensemble du territoire ne soit interrompue. D'ailleurs, en 1944, le Gouvernement français s'est engagé à interdire la drogue en Indochine et il a été formellement interdit aux Européens de l'acheter.

    Pratiquement depuis le coup de force japonais il n'y a plus eu de vente officielle par la Régie, sauf dans le milieu de l'année 1946 où une partie des faibles stocks existants a été mise en vente sous conditions de présenter un certificat médical constatant que la privation complète d'opium était susceptible d'entraîner chez l'intéressé des troubles graves.

    Aussi peut-on affirmer que l'opiomanie constitue moins que jamais un danger social en Indochine.

    Il est certain toutefois que la prohibition de la consommation de l'opium devra être rendue effective dès qu'une situation normale aura été rétablie en Indochine. La régie de l'opium devra être supprimée malgré les conséquences financières que cette mesure entraînera pour le budget de l'Indochine.

    Mais une telle politique est subordonnée à des conditions préalables qui ne sont pas  réalisées et notamment à la suppression de la contrebande étrangère, à l'interdiction effective de la culture du pavot et de la fabrication du chandoo dans les pays voisins et notamment dans les provinces chinoises limitrophes de l'Indochine.

    D'autre part, afin de ménager les habitudes héréditaires du peuple en Indochine, la prohibition pourrait être édictée par paliers et échelonnée sur quelques années, une décade par exemple. L'interdiction de la consommation suivrait ensuite lorsque les pays voisins auraient eux-même pris les mesures adéquates tant en ce qui concerne la culture du pavot qu'en ce qui touche la fabrication du chandoo ou opium à fumer. 

Pierre FAY

 

(1) Jeanselme : Fumeurs et mangeurs d'opium - Revue générale des Sciences pures et appliquées - 1907.
(2) Frontières Ouest du Tonkin et Haut-Laos.



 




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